"De chaval cantaba. Cantaba cosas mejicanas y argentinas hasta que un día, un geólogo holandés, en una de esas hermosas noches montañeras, nos cantó un texto de un tipo llamado Brassens. "¿No conocen ustedes a Brassens?" Nosotros, aquí, en este país, y allá por los años cincuenta, no conocíamos a nadie. En mi primer viaje a Francia me traje -escondido en lo más hondo- un disco de Brassens. Lo escuché hasta la saciedad."
José Antonio Labordeta. [Con la voz a cuestas (pág. 16). Los libros de la Frontera. Colección Papeles Literarios. Barcelona, abril 1982.]
Les amoureux des bancs publics Paroles: Georges Brassens. Musique: Georges Brassens. 1952
Les gens qui voient de travers Pensent que les bancs verts Qu'on voit sur les trottoirs Sont faits pour les impotents ou les ventripotents (1) Mais c'est une absurdité Car à la vérité Ils sont là c'est notoire Pour accueillir quelque temps les amours débutants
Les amoureux qui se bécotent (2) sur les bancs publics Bancs publics, bancs publics En se foutant (3) pas mal du regard oblique Des passants honnêtes Les amoureux qui se bécotent sur les bancs publics Bancs publics, bancs publics En se disant des "Je t'aime" pathétiques Ont des petites gueules (4) bien sympathiques
Ils se tiennent par la main Parlent du lendemain Du papier bleu d'azur Que revêtiront les murs de leur chambre à coucher Ils se voient déjà doucement Elle cousant (5), lui fumant Dans un bien-être sûr Et choisissent les prénoms de leur premier bébé
Les amoureux qui se bécotent sur les bancs publics Bancs publics, bancs publics En se foutant pas mal du regard oblique Des passants honnêtes Les amoureux qui se bécotent sur les bancs publics Bancs publics, bancs publics En se disant des "Je t'aime" pathétiques Ont des petites gueules bien sympathiques
Quand la sainte famille machin (6) Croise sur son chemin Deux de ces malappris (7) Elle leur décoche (8) hardiment des propos venimeux (9) N'empêche que tout' la famille Le père, la mère, la fille Le fils, le Saint Esprit Voudrait bien de temps en temps pouvoir se conduire comme eux
Les amoureux qui se bécotent sur les bancs publics Bancs publics, bancs publics En se foutant pas mal du regard oblique Des passants honnêtes Les amoureux qui se bécotent sur les bancs publics Bancs publics, bancs publics En se disant des "Je t'aime" pathétiques Ont des petites gueules bien sympathiques
Quand les mois auront passé Quand seront apaisés (10) Leurs beaux rêves flambants Quand leur ciel se couvrira de gros nuages lourds Ils s'apercevront émus Qu' c'est au hasard des rues Sur un de ces fameux bancs Qu'ils ont vécu le meilleur morceau de leur amour
Les amoureux qui se bécotent sur les bancs publics Bancs publics, bancs publics En se foutant pas mal du regard oblique Des passants honnêtes Les amoureux qui se bécotent sur les bancs publics Bancs publics, bancs publics En se disant des "Je t'aime" pathétiques Ont des petites gueules bien sympathiques
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Photographie: Christophe Lecoq.
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1) ventripotent,e (adjectif) [familier] Qui a du ventre, ventru.
2) bécoter (verbe transitif) [familier] Donner des bécots (petits baisers)
3) foutre (verbe transitif) [familier] Faire.• Appliquer avec force: foutre une gifle.• Mettre.• Se --- de: se moquer de.
4) gueule (nom féminin) Bouche de certains animaux.• Ouverture large: gueule d'un canon.• [familier] Bouche de l'être humain.• Visage, tête humaine.
5) coudre (verbe transitif) Attacher au moyen d'un fil passé dans une aiguille.
6) machin (nom masculin) Mot désignant une personne, un objet, dont on ne connaît pas le nom.
7) malappris,e (adjectif et nom commun) Mal élevé, grossier.
8) décocher (verbe transitif) Tirer une flèche à l'aide d'un arc, etc.• Lancer.
9) venimeux, euse (adjectif) Qui a du venin.• [sens figuré] Méchant.
10) apaiser (verbe transitif) Ramener la paix, adoucir.• Satisfaire un désir.
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J.A. Labordeta
Dime joven difunto, Dime joven difunto,
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