La tauromachie au patrimoine culturel immatériel
français.
Par Charlotte Menegaux
Le Figaro 23/04/2011
La France est le seul pays à avoir pris cette initiative.
Si les amateurs de cette pratique crient victoire, les anti-corridas
s'indignent.
C'est une première mondiale. Le président de
l'Observatoire national des cultures taurines, André Viard, a annoncé
vendredi à Arles, une décision qu'il a qualifié d' «historique» :
l'inscription de la tauromachie sur la liste du patrimoine immatériel de
la France. Cette décision a été actée par une commission du ministère de
la Culture, qui avait donné un avis favorable à cette inscription au
mois de janvier.
«Cette mesure constitue la reconnaissance, par l'instance compétente, de
la dimension culturelle de la tauromachie telle qu'elle se pratique et
telle qu'elle est vécue dans notre pays par les professionnels et par
les amateurs qui composent le monde taurin français», s'est réjoui André
Viard. «La corrida, introduite en France au milieu du XIXe siècle sur la
base de traditions taurines plus anciennes, est aujourd'hui présente
dans quatre régions du sud où, chaque année, des spectacles sont
organisés dans une quarantaine de villes», a-t-il rappelé.
«Aucune aide à cette pratique»
Tout a commencé le 17 octobre 2003, quand l'Unesco a adopté une
Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.
Objectif: protéger les cultures populaires au même titre que les sites
et les monuments. Selon l'article 2 du document : «On entend par
patrimoine culturel immatériel les pratiques, représentations,
expressions, connaissances et savoir-faire que les communautés
reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel. Ce
patrimoine, transmis de génération en génération, est recréé en
permanence par les communautés et leur procure un sentiment d'identité
et de continuité.» En 2006, la France a ratifié cette convention qui
impose aux Etats signataires de tenir un inventaire du patrimoine
national.
Après cette annonce, vendredi, la réaction des anti-corridas ne s'est
pas faite attendre : «Notre gouvernement est le seul à reconnaître au
patrimoine immatériel français une activité réprimée par le code pénal
partout dans l'hexagone, excepté, par dérogation, dans certaines
localités», s'est notamment indigné, dans un communiqué, l'Alliance
Anticorrida, qui a qualifié de «honteuse» cette décision. «Comment notre
ministre de la Culture peut-il décemment encourager une survivance
archaïque qui consiste à donner en spectacle la torture d'un animal?»,
s'interroge le collectif.
Sur RTL, Brigitte Bardot s'est dite «scandalisée»: «Ce sont des choses
barbares et sanguinaires, qui n'ont rien à voir avec la culture
française» a-t-elle réagi.
Face à ces réactions, un porte-parole du ministère de la Culture s'est
voulu rassurant : «Il s'agit d'un recensement ethnique d'une pratique
factuelle. La tauromachie a été inscrite au patrimoine immatériel au
même titre que la tarte Tatin, le fest-noz et les parfumeurs de Grasse.
Cela n'apporte aucune appellation morale particulière, ni aide à cette
pratique».
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